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Ce blog est un espace d’expression du Syndicat National des Personnels de la Formation Privée .

Déclaration liminaire conférence de presse du 7 mars 2011 Eric Aubin, Membre de la Commission exécutive confédérale

Les salariés se sont mobilisés en très grand nombre en 2010 pour protester contre un projet de réforme des retraites qu’ils ont considéré injuste et inefficace. Il faut dire que 85 % du coût de la réforme pèse sur leurs épaules et que l’équilibre de nos régimes n’est pas assuré dès 2018.

Malgré la mobilisation de plusieurs  millions de manifestants, la loi du 9 novembre a marqué de sérieux reculs. Parmi eux,  l’âge du départ en retraite à 62 ans et à 67 ans pour le taux plein.

La CGT a affirmé que le dossier n’était pas clos et que nous reviendrions sur les revendications mises en avant dans ces mobilisations. Nous y sommes avec les retraites complémentaires et la question relative à la reconnaissance de la pénibilité.

Le 9 mars :

La négociation sur les retraites complémentaires a commencé le 25 novembre 2010. Pendant  4 séances, le MEDEF n’a pas cru bon dévoiler ses intentions et s’est contenté d’écouter poliment les organisations syndicales.

Les unes après les autres, ces dernières ont insisté pour que le MEDEF aborde la question du financement qui reste un élément essentiel à leurs yeux.

Il aura fallu attendre la 5ème réunion pour que l’organisation patronale dévoile enfin ses intentions, constituant autant de régressions pour les droits des salariés.

Le 24 février, le MEDEF a abordé la question des taux de rendement des régimes, qu’il entend de nouveau faire baisser avant une stabilisation ou une « moindre baisse » annoncée pour 2013.

Il a poursuivi avec le sujet des droits familiaux.

Toutes les organisations syndicales de salariés ont exprimé l’exigence de débattre de la problématique financière afin de trouver les ressources nécessaires à l’amélioration de nos régimes complémentaires.

Mais le MEDEF a annoncé qu’il n’avait pas l’intention de revoir à la hausse le taux de cotisations, en agitant comme à l’habitude le chiffon rouge  du poids des « charges » sociales  et de la compétitivité des entreprises.

Autrement dit, il a proposé un accord perdant - perdant puisque nous devrions subir une nouvelle baisse des pensions. Un alignement par le bas des droits familiaux, qui seraient  majorés de 5% seulement. Idem pour la pension de réversion qui serait portée à 60 ans avec un taux passant de 60% à 54%. Et, cerise sur le gâteau, l’alignement sur le régime général de l’âge à partir duquel on touche une retraite complémentaire sans abattement, c’est à dire 67 ans.

Devant la fronde des organisations syndicales, le MEDEF a été contraint de demander une suspension de séance. Il est revenu ¾ d’heure plus tard pour nous dire qu’il n’avait pas de mandat pour négocier sur le niveau de la cotisation. Et il a renvoyé la discussion au 9 mars.

Ce jour là nous aurons donc un projet d’accord sur table proposé par le MEDEF.

Pour la CGT, il est inconcevable que l’on demande de nouveaux sacrifices aux retraités et aux salariés qui assument déjà largement le coût de la réforme des retraites de 2010.

Nous portons un tout autre projet. Tout d’abord, nous considérons, qu’à long terme, il n’y a pas de solution au financement de notre protection sociale sans une autre politique d’emploi permettant de revenir au plein emploi. Dans l’immédiat, nous proposons d’améliorer le rendement des régimes en indexant le prix d’acquisition et de service des points sur les salaires.Nous proposons de dégager de nouvelles ressources financières  en élargissant l’assiette des cotisations, en mettant à contribution les revenus financiers des entreprises, en modulant les cotisations en fonction de la part des salaires dans la valeur ajoutée et en augmentant les cotisations patronales. C’est parfaitement possible. Faut-il rappeler, par exemple, qu’entre 1984 et 2007 le salaire moyen a été multiplié par 2 et les dividendes par 13 ?

Que les salaires entre 1999 et 2009 ont augmenté de 40% quand la participation et l’intéressement ont plus que doublé. Oui l’intéressement et la participation se substituent à l’augmentation des salaires.

Nous proposons que les droits familiaux soient portés à 10% pour l’ensemble des salariés quelque soit le régime auquel ils cotisent, de porter la pension de réversion à 55 ans et de maintenir à 65 ans l’âge à partir duquel il n’y a plus d’abattement.  Ce qui paraît cohérent avec la bataille menée contre la réforme des retraites et avec l’aspiration des salariés exprimée dans les luttes de 2010.

Le calendrier s’accélère. En effet, un accord approuvé le 18 mars, date de la séance conclusive, ne permettrait pas d’appliquer les nouveaux paramètres au 1er avril. Or, la CGT est attachée à un redressement des taux de rendement dès le 1er avril. Cela passe donc par la conclusion d’un accord progressif dès la prochaine réunion du 9 mars.

Pour appuyer ces revendications, la CGT appelle les salariés à se rassembler de nouveau le 9 mars dans les territoires, avec toutes les organisations syndicales qui le souhaitent.

L’intervention des salariés est plus qu’indispensable face à un MEDEF décomplexé, qui veut imposer une nouvelle régression sociale.

Le 28 avril :

La question de la pénibilité n’a pas trouvé de réponse satisfaisante dans la réforme des retraites. Nous avons un dispositif construit à partir d’une approche médicale, axé sur l’invalidité, mais ignorant délibérément la pénibilité du travail. Il ne permet, en aucun cas, aux salariés qui ont une espérance de vie réduite de 7 à 10 ans de vivre une retraite d’une durée équivalente à d’autres salariés en pleine santé.

Cette question ne concerne pas que la gente masculine.

Nous sommes à la veille de la journée des femmes alors je voudrais affirmer, contrairement aux idées reçues, que les femmes ne sont pas épargnées par les mauvaises conditions de travail et par la pénibilité. Selon la DARES et l’ANACT,

-          58% des TMS concernent des femmes avec un risque d’exposition supérieur à celui des hommes.

-          Les femmes se déclarent plus stressées au travail (+ 40%) que leurs collègues hommes.

-          37% des femmes vivent un « mal être » au travail, contre 24% des hommes.

-          Les femmes vivent plus fréquemment que les hommes des situations de harcèlement et de violence.

-          1/5 des infirmières et 1/3 des aides soignantes hospitalières partent en invalidité avant l’âge de 55 ans.

Les projets de décrets relatifs à la pénibilité ont été soumis au vote des conseils d’administration des différentes caisses de la Sécurité sociale. La CGT s’est prononcée défavorablement, car ils instaurent un véritable parcours du combattant pour qui prétendra entrer dans le dispositif. La condition des 17 ans d’exposition à des facteurs de risques professionnels est exorbitante. Une durée bien moins longue suffit à entraîner une usure prématurée et irréversible de l’organisme.

L’absence de représentants des salariés au sein de la commission pluridisciplinaire qui traitera des cas des salariés ayant un taux d’incapacité de 10 à 20%  laisse la place à l’arbitraire, alors que cette instance aura la lourde responsabilité d’établir un lien de causalité entre l’incapacité et la durée d’exposition à la pénibilité. De plus, pourquoi avoir écarté les organisations syndicales de salariés dans cette commission ?

La pénibilité du travail est un facteur essentiel de la santé au travail pour laquelle l’employeur, rappelons le, est assujetti à une obligation de résultat. Or, toutes les enquêtes montrent que les conditions de travail se détériorent, un tiers des salariés déclarent souffrir au travail, le stress et les risques psychosociaux se développent de façon alarmante comme l’illustre la vague de suicides sur les lieux de travail.

« Le travail est malade »,comme le dit si bien Yves Clot. Il faut lui redonner du sens, le revaloriser, créer les conditions du bien être au travail. Il faut en particulier permettre aux salariés d’intervenir sur l’organisation du travail pour imposer un travail de qualité dans lequel ils pourront se reconnaître. Quant aux salariés déjà usés par le travail et qui ont une espérance de vie réduite, ils doivent pouvoir bénéficier d’une retraite anticipée. C’est une simple mesure de justice sociale.

Prévention et réparation sont les deux volets indissociables de la revendication que nous avons toujours portée dans les négociations sur la pénibilité. Depuis les négociations nationales interprofessionnelles issues de la loi de 2003 sur les retraites, jusqu’aux négociations que nous continuons de mener aujourd’hui dans les branches d’activité et les entreprises. A cet égard, je voudrais signaler le succès de nos camarades portuaires, qui ont obtenu une cessation anticipée d’activité de deux années et plus suivant les conditions.

Le 28 avril est une « Journée mondiale pour la sécurité et la santé au travail » décrétée par l’OIT en hommage aux victimes des accidents du travail et des maladies professionnelles. La CGT a décidé d’organiser ce même jour des rassemblements et des manifestations partout en France pour faire valoir ses revendications en matière de pénibilité. Cette journée porte le besoin de changer le travail et celui de plus de justice sociale pour tous ceux qui ne profitent pas de leur retraite, car usés prématurément ou même, hélas, déjà décédés.

Cette journée fait l’objet de discussion avec nos homologues dans l’intersyndicale et pourrait faire l’objet d’un appel large des organisations syndicales, vous le saurez, je pense, le moment venu.

En tout état de cause, la CGT appelle l’ensemble des salariés à faire du 28 avril prochain une grande journée pour la prévention et une véritable reconnaissance de la pénibilité.

 

Montreui,l le 7 mars 2011

 

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