Ce blog est un espace d’expression du Syndicat National des Personnels de la Formation Privée .
Pas cher, mais pas « cheap »…
La formation professionnelle, nouveau secteur “low cost”
Qu’est-ce qu’une démarche Low Cost ? C’est la combinaison d’une optimisation de l'offre au client et des réductions des coûts en interne.
Le hard discount a débuté dans la grande distribution alimentaire et les transports. Ses premiers succès doivent tout à Internet qui a rendu possible le virtuel, la dématérialisation des échanges commerciaux. En vendant via le web, plus besoin d'éditer ; pas besoin non plus d'une structure d'accueil, source majeure d'économie. Après son succès dans ces secteurs historiques, le modèle low cost s'est exporté, diversifié et atteint désormais TOUS les secteurs de la consommation : industrie laitière, habillement, ordinateurs portables, assurance, automobile, pharmacie, banque, mobilier, immobilier, coiffure, hôtellerie, soins corporels, séjours de vacances, location...
Même ceux pour qui c’était une philosophie complètement inhabituelle.
Comme l’éducation et la formation.
En novembre 2008, le principe fixé par le Medef à son négociateur, Jean-François Pilliard, dans le cadre de la négociation en cours sur la formation professionnelle, avait consisté à faire mieux à un moindre coût. "Il faut démontrer que ce n'est pas parce que quelque chose coûte cher que c'est bien", plaide Laurence Parisot. "Il y a des optimisations à faire."
Il existe désormais des stages de formation compatibles avec notre pouvoir d’achat affaibli. Les organismes de formation qui les proposent appliquent les recettes des voyagistes, des grandes surfaces. Pour 70 €/jour/personne, on trouve des modules de formation dans tous les thèmes (management, action commerciale, développement personnel)… Certains s’engagent même sur les résultats : convaincu ou remboursé.
D'où proviennent les économies ?
1/ une logistique maîtrisée qui élimine le superflu et réduit les frais administratifs, commerciaux et de communication
- utilisation intelligente d’Internet (optimisation et approche client informatisée) : toutes les formalités se font en ligne en quelques clics (même la convention de formation qui auto remplit les rubriques).
- polyvalence des équipes
- zéro frais d’impression : pas de catalogues ni de classeurs remis aux participants
- simplicité
Des formations basiques « tout en un », génériques, courtes, aux titres explicites, tout comme un vol low cost qui ne vous offre pas le café : le low-cost implique de se concentrer sur le basique, la vraie valeur ajoutée du service.
Des domaines classiques (bureautique, langues, informatique ou comptabilité …)
Des programmes vendus en format standard par l'organisme de formation, créé depuis x années, qui dit avoir amorti les coûts d'ingénierie pédagogique
2/ un non respect de la convention collective qui ne rémunère le formateur que pour son temps de face à face
zéro frais de préparation
zéro frais de déplacement
Autre tendance : le courtage en formation. Ce marché est timide et encore très peu concurrentiel. Le métier, comme pour les assurances, consiste à commercialiser la connaissance du marché de la formation aux entreprises. Grâce à l’essor du e-commerce, ces sociétés recensent sur une plate-forme internet des organismes de formation dans des domaines standard (bureautique, langues…) et achètent des volumes d’heures de formation plus importants qu’une entreprise seule, ce qui permet de négocier des prix 5 à 10 % moins chers.
Egalement, fleurissent des formations «last minute» ou «first minute». Ce nouveau marché est décliné sur celui du tourisme ; un siège d'avion ou de train qui part vide est un stock perdu, mieux vaut le vendre quelques euros plutôt que rien du tout. Les centres de formation ne faisant pas toujours le plein d’inscrits, ces jeunes sociétés leur servent de relais pour vendre leurs dernières places à saisir en ligne. Pour le stagiaire, c’est une économie de 30 à 40 %. Pour l’organisme de formation, c’est un moyen d’amortir la session qui comportera suffisamment de stagiaires, de compenser les inévitables annulations par des inscriptions. Pour le particulier, la formule est intéressante de façon ponctuelle dans le cadre du DIF ou lors d’un licenciement, dans des domaines assez classiques comme les langues, l’informatique ou la comptabilité.
En ces temps où
la formation tout au long de la vie est encouragée
le modèle low cost est plébiscité par les rapports Charles Beigbeder, président de Powéo ("low-cost et pouvoir d'achat"), et Jacques Attali (proposition n°104)
des solutions pécuniaires à la crise sont recherchées par les ménages
la tendance des acheteurs de formation est au juste prix,
le "low cost" est totalement rentré dans les mœurs. Cette évolution, rendue possible avec internet, bouscule le secteur de la formation.
Alors ? Prix cassés, produits bradés, qualité sacrifiée, fiabilité de service tirée vers le bas, inexistence du suivi, options supplémentaires taxées au prix fort…
Mondialisation de l’éducation, de la formation, de l’emploi
Les systèmes éducatifs traditionnels sont contestés et souvent dérégulés. Et le marché éducatif émergent échappe aux valeurs des systèmes éducatifs traditionnels. Des universités font du marketing mondial ou lancent des écoles ‘low cost’, des organismes de formation délocalisent leurs services d’apprentissage des langues ; les cours proposés sont effectués par des étudiants natifs qui vivent à l’autre bout du monde et sont payés entre 3 euros et 8 dollars de l'heure grâce au téléphone sur Internet. Selon un rapport réalisé pour l’Unesco, le nombre d’universités bidon, qui vendent leurs diplômes sur Internet, a quadruplé ces dernières années (de 200 à 800).
Les conditions sont réunies pour que la formation tout au long de la vie se développe et s'appuie sur une offre éducative mondialisée.
C ‘est une révolution copernicienne dans laquelle nous avons notre rôle à jouer pour réguler ce nouveau ‘marché’.